
« Nos corps sont les textes qui portent les souvenirs. »
Katie Cannon
YOGA ET PLEINE CONSCIENCE ADAPTÉS AU TRAUMA
À la suite d’un traumatisme, on se sent sans cesse en danger dans son corps. Le passé reste présent sous la forme d’un malaise lancinant. On est bombardé de signaux d’alarme internes.
Pour tenter de les contrôler, on devient expert dans l’art de s’ignorer et d’endormir la conscience de ce qui se passe en soi. On apprend à se cacher de soi-même.
Pour ne pas sentir la détresse physique et psychiques, on a recours à des habitudes qui vont anesthésier notre monde intérieur : trop manger, trop boire (pour faire taire une anxiété), consommer des substances (drogues ou médicaments) ou des habitudes pour anesthésier les sens. On peut aussi se divertir dans une hyperactivité ou hyper sociabilité, afin « se détourner de soi », « mettre de la distance avec soi ».
Mais aussi mettre de la distance avec le monde.
Tout faire pour ne pas se retrouver face à soi-même, face à ces symptômes qui sont ancrés dans une physiologie en détresse.
Le Yoga et la Pleine Conscience Adaptés au Trauma (YPCAT) sont alors un moyen de renaître à soi.
POURQUOI UN YOGA ET UNE PLEINE CONSCIENCE ADAPTÉS AU TRAUMA ?
Le Yoga et la Pleine Conscience Adaptés au Trauma est un outil de reconnexion à soi, de réappropriation de son corps. Le YPCAT permet d’apprivoiser ses sensations et de retrouver une capacité de régulation et de CHOIX.
Pour faciliter l’intégration de l’expérience traumatique, il est primordial d’adopter le langage du corps : le mouvement, la respiration, l’action, les sensations. Grâce à la pratique régulière et à long terme du yoga, il s’ensuit une réorganisation du système nerveux et du corps,
CHOISIR de faire du yoga, c’est sortir d’une attitude passive. C’est cesser de subir le traumatisme et entrer dans un choix d’action pour reprendre en main sa physiologie et sa vie.
S’engager dans la pratique du yoga est déjà le premier acte de guérison. C’est adopter une discipline pour se sentir plus vivant et plus présent. C’est apprendre à réintégrer son corps comme un espace de vie et non pas comme un espace de survie ou un espace que l’on doit fuir absolument.
COMMENT LE TRAUMATISME SE MANIFESTE T-IL DANS LE CORPS ?
- Hyperactivation physiologique : sensations trop fortes, anxiété, hyperactivité, douleurs …
- Hypoactivation physiologique: pas assez de sensations, pas assez d’activation, dissociation (distance avec le corps), incapacité à sentir… Forme d’anesthésie de soi
Se retrouver dans l’un de ces deux pôles extrêmes empêche d’être bien dans son corps, d’être présent à soi et aux enjeux de la vie dans un organisme régulé.
Le YPCAT aide à réguler l’activation physiologique (fenêtre de tolérance) et réinstaure une sécurité intérieure dans le rapport au corps et au monde.
LE YOGA ET LA PLEINE CONSCIENCE ADAPTÉS AU TRAUMA EN QUELQUES MOTS :
Le travail du corps avec les postures de yoga:
Dans le YPCAT, lorsque nous parlons de « posture » il s’agit de la « posture intérieure ». Ce qui est important est alors l’expérience intérieure pendant le mouvement ou le placement (conscience viscérale).
En aucun cas l’accent n’est mis sur « la bonne posture » ou dans le fait qu’il faille plaire au thérapeute. Au contraire, ce qui compte à cet instant est le ressenti du pratiquant. Ainsi la posture devient l’expérience du pratiquant. Il se l’approprie au point où posture et pratiquant ne peuvent plus être distingués.
Le fait de passer de l’ « extérieur » à l’« intérieur » fait du YPCAT un outil utile dans le traitement des traumas. Pour la guérison du traumatisme, la seule chose qui soit essentielle est l’EXPÉRIENCE INTÉRIEURE (intéroception).
Le message qui est alors transmis est le suivant :
« le pouvoir et la puissance est en chacun de nous et non pas à l’extérieur de nous »
Ici, le corps et le pratiquant sont au centre des préoccupations du YPCAT.
Un nouveau rapport au monde
Le YPCAT permet un éveil sensoriel (retrouver des sensations là où il n’y en avait plus ou pas) et apprend à tolérer l’inconfort .
Il s’agit d’aller solliciter un petit inconfort qui soit tolérable pour apprendre progressivement à absorber et à digérer les séquelles du traumatisme. Et le fait de le faire dans une pratique de yoga choisie et intentionnelle permet de se redonner le pouvoir, en ne subissant plus l’inconfort de l’extérieur mais en choisissant d’aller vers cet inconfort progressivement et revenir dans le confort. C’est cette alternance d’inconfort et de confort dans une zone tolérable et supportable, qui va permettre d’agrandir l’espace de ce corps et lui apporter de la résilience.
Ainsi, acquérir, souplesse et flexibilité dans ce monde. Ne plus rentrer dans des réactions défensives mais appréhender de nouveaux rapports au monde.
Une attention toute particulière est apportée sur le respect de ses propres limites corporelles. Les exercices (ou postures) ne sont que des PROPOSITIONS de postures.
Il n’y a aucune recherche de performance, d’alignement forcé ou de perfection.
Il n’est pas question de subir le yoga et d’en faire une nouvelle occasion d’abus de soi.
Le yoga pratiqué dans sa dimension somatique est empreint de bienveillance, de compassion et d’acceptation, permettant la résilience physique et psychique, qui est l’élément d’une croissance traumatique.
La respiration
La respiration est l’un des aspects physiologiques affecté par la trauma, et ce dès l’apparition de l’expérience traumatique.
Deux cas sont possibles: une hyperactivation physiologique avec accélération du souffle (cas de la fuite ou du combat), soit une hypoactivation physiologique comme lors d’un figement avec réduction de l’amplitude de la respiration
Dans les deux cas, une boucle de stress est activée dans le corps. D’où l’intérêt d’utiliser le souffle pour ré-harmoniser la respiration, et ce, toujours dans le respect de ses limites.
La pleine conscience
La pratique de la pleine conscience peut être à double tranchant pour les personnes ayant vécu un traumatisme. La pleine conscience peut être bénéfique dans le processus de guérison du trauma mais elle peut aussi être un déclencheur de manifestations dans le présent du trauma passé (flashback, dissociation, reviviscence de l’événement traumatique).
C’est la raison pour laquelle cette pratique doit être adaptée.
D’emblée le choix est porté sur l’attention au corps ; aux sensations, aux micro sensations, au mouvement et à la respiration.
Ce qui est essentiel pour les personnes souffrant de dissociation, celles-ci n’ayant que peu ou pas de perception de sensations (proprioception et intéroception étant sous développées).
Il s’agit d’être dans la pleine présence à soi, avec l’intention d’y être, sans subir les éléments extérieurs.