RETROUVER LE LIEN AMOUREUX DANS LE COUPLE

couple s'embrassant sous lapluie

Cela fait longtemps que je souhaite aborder ce sujet du couple. D’ailleurs je dirais plutôt « des couples », car je pense qu’il existe autant de couples que d’individus ou d’histoires vécues. 

Depuis notre plus tendre enfance nous sommes bercés par des contes de fée mettant en scène des princesses désœuvrées et des princes charmants venant les sauver sur leur fier destrier. Il est donc normal que nous pensions que la vie à deux se doit d’être un enchantement pour être épanouie. Et c’est cette idée préconçue, selon laquelle « tout doit être toujours rose » qui va bien souvent rompre le lien amoureux entre les deux partenaires. 

TOMBER AMOUREUX: HASARD, CHIMIE OU CHOIX ?

Tombons-nous amoureux par hasard? La réponse est: non.

A notre naissance, la séparation avec notre mère, qui prenait soin de nous sans que nous ayons besoin de nous manifester, nous semble d’une violence sans nom. Tout nous est inconnu. Nos sens sont en éveil, bombardés par tous ces stimuli extérieurs.Nous pouvons respirer par nos propres moyens, mais nous sommes dépendants de notre entourage pour manger, boire, nous déplacer et nous défendre. Nous sommes en danger si nous restons seuls.

C’est à partir de ce moment-là qu’apparaissent la peur originelle de mourir et le besoin de survivre. Il sera alors primordial d’assurer notre survie par tous les moyens, dans ce monde qui nous semble bien dangereux en comparaison du confort douillet du ventre de notre mère.

Devenus adultes, ce besoin ne s’estompera pas. Bien au contraire. C’est pourquoi notre biologie interne enclenchera la quête du partenaire qui pourra l’aider à grandir, à trouver son entièreté et à pérenniser sa descendance. Lors de la rencontre amoureuse, chacun des partenaires est alors choisi (inconsciemment) par l’autre pour assurer ces fonctions.

Pas moins de 12 aires du cerveau travailleront de concert pour produire des hormones comme la dopamine, l’ocytocine, l’adrénaline ou la vasopressine qui nous renderont euphoriques. Chaque étapes que sont la séduction, la passion et l’attachement répondra à une production d’hormones.

Cet état de passion (vous voyez de quoi je parle?) peut durer de quelques semaines à trois ou quatre ans, le temps d’avoir un enfant et de le rendre plus ou moins autonome (désolée pour le manque de romantisme). Ensuite, c’est le mécanisme d’attachement – fondé sur la libération d’ocytocine et de vasopressine – qui se met en route et qui peut être satisfaisant, à condition d’avoir eu pendant son enfance des schémas qui valorisent cet attachement.

ET APRÈS ?

Est-ce que cela veut dire qu’après cette période, plus rien ne se passe? Et bien non, heureusement. C’est à ce moment là que le véritable travail commence. Et oui, travail! Car la relation de couple n’est pas un chemin linéaire (vous n’avez pas besoin de me lire pour le savoir).

D’après ma propre expérience et celle des personnes que j’accompagne, je dirais qu’un couple est constitué de deux mondes bien distincts qui entre en relation. Je dis bien deux mondes. Je ne parle pas seulement de deux individus.En effet, ces deux mondes sont peuplés respectivement des histoires personnelles de chacun:  les héritages familiaux et leurs dysfonctionnements, l’éducation reçue, les croyances bien souvent limitantes, les blessures d’enfant, les blessures d’adulte, les traumatismes et parfois même la mémoire traumatique tapie dans l’ombre.

Au milieu de ces deux mondes, un espace de tous les possibles que l’on appelle « relation ».

Si nous n’y prenons pas garde, cet espace de liberté et de légèreté peut vite devenir le lieu d’accumulation de toutes nos attentes, de nos frustrations, de nos incompréhensions et autres aigreurs. C’est alors que la passion laisse place à la douleur de vivre à deux.Chacun des deux partenaires pensant détenir la vérité, alors qu’il ne perçoit qu’une vérité teintée de son passé, de ses souvenirs et de ses expériences douloureuses.

Il a d’ailleurs été découvert que dans 95 % des couples, les deux partenaires ont un même type de blessure, mais ont développé des structures de protection opposées pour y faire face. Ce sont ces structures qui, lors d’un différend, sont à la base des conflits et des ruptures.

ALORS QUE FAIRE ? ON DIVORCE ?

C’est souvent la première solution envisagée, avec son lot de souffrance avant, pendant et après. Et si la réponse émanait d’une simple conversion du regard? Si au lieu de réagir et lutter, il nous suffisait d’accueillir les conflits et frustrations comme des opportunités de croissance pour nous et notre conjoint? Je vous entends d’ici: « Accueillir les conflits? Les frustrations? Tu sais que tu es drôle toi? Et comment? »

Et bien en choisissant d’explorer ses propres terres intérieures puis d’arpenter celles de notre conjoint.

Dans un premier temps, le plus judicieux est d’aller à la rencontre de soi-même, sans craindre de découvrir ses territoires les plus sombres. Aller les éclairer afin de les comprendre. Reconnaître ses pensées et ses émotions pour ce quelles sont. Les accueillir. Puis étudier ses différents modes de fonctionnement et les processus mis en place lorsque l’on se sent blessés et que ses émotions prennent le dessus. Car oui, bien souvent, ce sont nos émotions qui nous poussent à exprimer à l’extérieur ce que nous ressentons à l’intérieur (E – motion : mettre en mouvement vers l’extérieur).

Attention, il ne s’agit pas de « gérer » ou encore de « contrôler » ses émotions (qu’est ce que cela m’énerve quand on me parle de gérer ses émotions). D’ailleurs, même si vous le vouliez, cela n’est tout simplement pas possible. Et c’est bien là le problème.

Nous passons notre temps à vouloir fuir  nos émotions, à lutter contre elles, afin de correspondre à une image bien définie de la manière dont nous devrions nous sentir à l’intérieur.

J’ai un scoop pour vous: « nous n’avons absolument aucun contrôle sur les stimuli intérieurs ».

Ceux-ci ne répondent pas du tout aux règles appliquées aux stimuli extérieurs.

Exemple: si nous voyons un ours au loin, l’action la plus sûre est celle de la fuite (en toute discrétion, hein?) Et dans ce contexte, la peur et la fuite vont de paire. Le problème est que nous associons ensuite, dans un tout autre contexte l’émotion de peur avec un danger. Notre premier réflexe est alors la fuite de cette émotion. « Surtout ne pas ressentir cette peur qui semble si dangereuse ».

Et c’est cette lutte contre nos émotions qui nous épuise et épuise notre relation à l’autre. En revanche (et oui, il y a une autre alternative), nous avons le pouvoir de modifier nos comportements et de ne plus être en réaction quand une émotion « désagréable » pointe le bout de son nez. Une pleine présence à nous-même étant essentielle, afin de voir nos émotions avant qu’elles ne nous submergent.

Nos émotions ne sont en aucun cas un problème. Elles ne l’ont jamais été et ne le seront jamais.

Je pense qu’elles ne sont ni agréables, ni désagréables, ni positives, ni négatives. Je réfléchis plutôt en terme d’utilité et de contexte. « Dans une situation donnée, telle ou telle émotion m’est-elle utile afin d’avancer en direction d’une vie pleine de sens pour moi ou non? »

ET ENSUITE ?

Place à la compréhension de l’autre… véritable secret de la pérennité de la relation.

Apprenons l’écoute véritable (je sais, ce n’est pas facile du tout quand on se sent blessé); laissons l’autre s’exprimer même si ce qui est dit nous semble injuste (oulala, compliqué). Prenons le temps de ralentir afin d’échanger sur nos passés respectifs. Dévoilons à l’autre nos blessures, nos traumatismes sans crainte d’être trahis ou abandonné et laissons tomber nos armures et autres masques qui nous ont bien été utiles à un moment de notre vie, mais qui dans l’instant, nous empêchent d’aller vers l’autre et vers nous-même.

Voyons notre conjoint comme un catalyseur nous révélant à nous-même.

J’aime à penser que nous entrons en relation avec l’autre afin de parcourir ensemble ce chemin de transformation mutuelle. Aidant l’autre à avancer quand il traverse des turbulences et acceptant son aide quand nous en avons besoin.

Et si c’était là le chemin menant à l’amour véritable entre deux êtres ? Et si une vie de couple épanouie était justement une vie avec des hauts et des bas au mileu desquels l’amour reste inchangé ?

Je vous partage ici un instant d’intimité… Mes vœux prononcés à mon mariage…

« Je ne t’aime ni avec mon cœur ni avec mon esprit

Mon cœur peut s’arrêter, mon esprit peut oublier

Je t’aime avec mon âme

Car l’âme jamais ne s’arrête ni n’oublie. »

Djalâl-od-Dîn Rûmî